INTERVIEW DE Mme YVELINE DENAT


Directrice de cabinet du Maire de pont de Claix & Président de Grenoble-Alpes Métropole


Mme Yveline Denat nous parle dans les lignes ci-dessous de sa mission en tant que Directrice de cabinet du Maire de Pont de Claix et Président de Grenoble-Alpes Métropole et de sa passion pour l’art.

Pourriez-vous nous parler de votre formation, votre cursus ?

Yveline Denat : J’ai débuté en 1986 un cursus pluridisciplinaire à Grenoble dans l’Unité de Formation et de Recherche des sciences et techniques de la communication, à la découverte de nouvelles disciplines issues de l’école de Palo Alto. J’ai étudié les médias, la vidéo, le graphisme, tout cela s’agrégeant aux sciences humaines et sociales et aux langues vivantes. J’ai réalisé ensuite un 3ème cycle à Paris V Descartes et des recherches axées sur la santé et le vieillissement. Mes activités professionnelles ont d’abord concerné la santé et la communication, le mécénat, les solidarités et la culture.

Ces dernières années du fait de l’évolution de mes missions j’ai priorisé des formations concernant l’aménagement et le développement urbains, avec un intérêt particulier pour l’étude des matériaux et des ouvrages d’art et l’innovation dans les travaux publics. Pour connaître au plus près la réalisation des infrastructures, quelle meilleure place trouver que celle de la grue située au cœur des chantiers ? C’est ainsi que j’ai fait l’apprentissage de la conduite des grues à tour et différents stages sur de grands chantiers. Je peux désormais m’enrichir d’une connaissance précise des projets d’aménagement, de la phase étude à leur réalisation, voire y participer concrètement !

Quelle est votre expérience professionnelle la plus marquante ?

Yveline Denat : Elles sont nombreuses et elles ont été le plus souvent liées à la qualité des personnes que j’ai rencontré. Je peux citer par exemple le travail avec une pionnière du reportage vidéo Carole Roussopoulos aujourd’hui disparue et qui m’a beaucoup appris au tout début de ma carrière. Il y a tout un joyeux inventaire : la création de réseaux de coordination dans des territoires ruraux, la mise en place d’accompagnement social dans les gendarmeries, le travail avec le Samu social à Nanterre et la rencontre de Xavier Emmanuelli, les chantiers d’insertion avec Emmaüs, la création de la fédération nationale des directeurs et directrices des affaires culturelles, le développement de partenariats dans le cadre de Marseille capitale européenne de la culture avec la rencontre de Camille et Manolo du Théâtre du Centaure qui s’est concrétisée par ma participation à l’ouvrage TransHumance sorti chez Actes Sud, la mise en place de l’art dans l’espace public, et bien sûr le travail avec tous les artistes dont j’ai pu découvrir et soutenir les créations. Aujourd’hui c’est le suivi de projets urbains de grande envergure, dont un planétarium alliant l’art et les sciences.

Quel parcours vous a amené à occuper votre poste actuel ?

Yveline Denat : J’aime apprendre et découvrir de nouveaux mondes, c’était déjà le cas lorsque j’étais chargée d’études pour la Fondation de France, et cela a continué comme directrice de Centre Communal d’Action Sociale, puis comme directrice des affaires culturelles et encore aujourd’hui. Mon parcours s’est inscrit dans différents projets politiques culturels et sociaux au cœur des réalités du monde, à l’écoute de mes contemporains. Une bonne connaissance des territoires, des partenaires, du fonctionnement des administrations, un regard particulier sensible aux innovations et aux émergences, une capacité à la veille ont certainement contribué à conforter la confiance du Maire Président de la Métropole qui m’a confié cette mission de directrice de cabinet.

Pouvez-vous nous parler de votre activité au sein du cabinet

Yveline Denat : L’activité est extrêmement variée et polyvalente par nature. Il s’agit tout d’abord d’organiser les relations publiques et politiques et les interventions des élus et de veiller à la mise en œuvre des politiques publiques initiées dans le projet de mandat, qu’elles soient généralistes ou de proximité. Il est nécessaire de saisir rapidement les enjeux à la fois techniques et politiques et d’être à l’écoute des questions, des attentes ou des difficultés de la population et des partenaires. Il s’agit aussi pour moi de faciliter la mise en œuvre de la vision et des projets politiques. Les fonctions techniques sont confiées à l’administration et aux différents services, la complémentarité entre Directeur Général des Services et Directrice de Cabinet est essentielle, nous traduisons chacun dans un travail d’équipe ce projet de mandat et c’est suffisamment rare pour le signaler !

Quels sont les projets à court terme d’aménagement de la commune ?

Yveline Denat : Jusqu’alors des contraintes liées aux risques majeurs et plus particulièrement aux risques technologiques du fait de la présence d’une plateforme chimique sur le territoire n’avaient permis aucun nouvel aménagement de la commune depuis plusieurs décennies. La modification des procédés industriels et les travaux réalisés au sein des sites ont permis de lever certains des risques. La commune peut désormais envisager un développement urbain et mettre en œuvre de nombreux projets : logements, construction d’école, rénovation du centre-ville, extension de la ligne de tramway, reconversion d’anciens sites industriels, planétarium. Par ailleurs, l’extension du périmètre et des compétences de la Métropole dont le Maire est Président a remis en jeu la place de la commune qui occupe désormais une place stratégique dans la polarité sud de l’agglomération.

Et les projets à long terme ?

Yveline Denat : Les projets à long terme s’appuient sur la localisation stratégique et sur les opportunités qui se sont ouvertes pour un projet urbain de grande ampleur, ce qui devrait faire évoluer les déplacements, l’habitat, et le développement économique. La commune bénéficie de grands paysages qui s’ouvrent sur les massifs environnants, d’un patrimoine industriel et d’un patrimoine humain à valoriser. Il s’agira donc de réaliser l’évolution de la ville en respectant ces atouts et en intégrant de nouvelles idées et innovations. Je pense par exemple aux recherches sur les nouveaux matériaux ou les technologies de production d’énergie, aux projets d’agriculture ou de pisciculture urbaines et bien sûr une place privilégiée à réserver pour l’art sous toutes ses formes dans les espaces publics !

Au travers de vos réponses je détecte une passion pour l’art ?

Yveline Denat : Bien vu ! J’ai eu la chance d’être régulièrement en contact avec le monde artistique et la création. Littérature, musiques, théâtre, sculpture, street art, patrimoines historiques, infrastructures et architectures, recherches scientifiques, espaces naturels, tout cela me dope !

Je suis sensible aux démarches créatives que ce soit dans l’art ou dans la recherche scientifique. J’aborde les sciences par leur poésie, leurs imaginaires, les systèmes de pensée et les métaphores qu’elles proposent. J’aime les matériaux, des plus bruts jusqu’aux bétons à ultra haute performance des dernières créations de Ricciotti. Architectures sacrées, Cité Radieuse, ouvrages d’art haubanés, toutes les épures des lignes architecturales me touchent.

Vous citez quelques œuvres architecturales en Paca, pourtant cette région n’est pas pas la vôtre ?

Yveline Denat : J’ai d’abord découvert Marseille en pratiquant la plongée, on ne parlait pas encore du Parc des Calanques. Mes activités professionnelles m’ont conduit ensuite à fréquenter régulièrement la ville, d’abord le chapiteau noir du théâtre du Centaure entre Pointe Rouge et Les Goudes. J’ai eu aussi la chance de découvrir Quai d’Arenc les technicités et savoirs-faire du chantier de la tour La Marseillaise, ses deux grues de grande hauteur, et les dizaines de nuances du béton fibré en façade ! La flamme éternelle de Zaha Hadid pour la tour de la CMA-CGM est ma préférée.

La gestion de l’aménagement du territoire et l’Art font-ils bon ménage ?

Yveline Denat : Les infrastructures et constructions publiques sont essentielles à la vie quotidienne, elles représentent un patrimoine commun. Aménager la ville, saisir les lignes de forces en symbiose avec les paysages et la lumière c’est du grand art ! Il est rare de trouver des projets qui sachent allier les savoirs faire artisanaux, les matériaux traditionnels bois, minéraux, métaux et les nouvelles matières. Les mesures imaginées pour intégrer l’art dans les commandes publiques restent peu accessibles du fait de leurs complications administratives tant pour les maîtres d’ouvrage que pour les artistes.

Et la place de l’humain dans tout cela ?

Yveline Denat : Dans le buisson du vivant ! J’aime cette image issue de la phylogénie pour tenter de représenter les liens entre les organismes vivants sans cesse en évolution. Médecine, transports, communications, énergies, la recherche scientifique et les technologies s’inspirent de la nature. Scientifiques et artistes nous posent la question de l’évolution de l’humanité. J’ai vu récemment une représentation de l’échelle du temps de notre univers qui articule les découvertes de l’astrophysique avec la géologie, l’archéologie et l’histoire de l’humanité. Si l’on considère le big bang au 1er janvier, les dernières minutes du 31 janvier concernent l’apparition d’Homo erectus puis d’Homo Sapiens, toute l’histoire des civilisations. Preuve de l’intensité dont nous pouvons faire preuve !

Le web 2.0 est encensé par les uns et détesté par les autres. Comment appréhendez-vous l’Internet, ce média en perpétuelle évolution ?

Yveline Denat : J’utilise des bases de données et des applications, pour en savoir plus et ne pas me noyer dans cet océan numérique je lis les publications avisées de Marc Rees de Next Impact qui défriche et décrypte l’actualité et les technologies.

J’aime beaucoup l’approche et les recherches et de Nathalie Devillier auteur de la chronique Juri-Geek sur The Conversation que l’on entend aussi régulièrement sur différents sujets concernant les apps, les réseaux sociaux et la protection de la vie personnelle, les blockchains, le droit des robots, ou encore le sujet passionnant de l’intelligence artificielle.

Merci Yveline