Interview Mouvement Soka Gakkai

1. Depuis quand existe le mouvement Soka Gakkai ?

La Soka Gakkai a été créée en 1930 au Japon par un éducateur, Tsunesaburo Makiguchi. A sa fondation, elle s’appelait Soka Kyoiku Gakkai (« Association pour une éducation créatrice de valeurs »). La pensée de T. Makiguchi était d’offrir aux enfants une éducation leur permettant de créer des valeurs positives dans leurs vies et dans la société. Après la guerre, Josei Toda, disciple et proche collaborateur de T. Makiguchi, a reconstruit le mouvement qui avait été détruit durant la guerre et transforme son nom en Soka Gakkai (« Association pour la création de valeurs »). Il avait la conviction que le système philosophique de son maître ne concernait pas seulement l’éducation mais tous les domaines de la société. Les valeurs qui sous-tendent le mouvement sont celles de l’enseignement du moine réformateur bouddhiste Nichiren (13e siècle). Pour T. Makiguchi, l’être humain est créateur de valeurs et ses actions ont pour but la recherche du bonheur individuel et collectif. Il a trouvé dans la pratique du bouddhisme de Nichiren la méthode la plus riche de sens pour les êtres humains et la société.
En France, le mouvement Soka existe depuis 1961. En 1963, un directeur du mouvement fut nommé en la personne du Dr Yamazaki, responsable également pour l’Europe. Le premier centre bouddhique était le petit appartement du Dr Yamazaki puis en 1965 un local, modeste, est loué à Neuilly. Depuis 1969, le centre officiel se trouve à Sceaux, dans la région parisienne.
La France et l’Europe se développant, un centre européen est inauguré à Trets, près de Marseille, en 1975. Aujourd’hui, nous disposons également d’un centre régional à Nantes et, depuis 2014, d’un centre bouddhique à Paris, dans le 14e arrondissement.

2. Quelle est l’histoire de ce mouvement ?

L’histoire de la Soka Gakkai commence avec le moine bouddhiste Nichiren (1222-1282), qui vécut dans le Japon du 13e siècle. Nichiren était un maître spirituel s’inscrivant dans la lignée Sûtra du Lotus, enseignement majeur du bouddhisme Mahayana, prêché par le bouddha historique Shakyamuni durant la dernière période de sa vie. A l’époque de Nichiren, le Japon vivait des temps particulièrement difficiles, marqués par des catastrophes naturelles, des luttes internes entre les clans au pouvoir (gouvernement militaire-samouraï) et le danger permanent d’une invasion par l’Empire mongol.
Différentes écoles bouddhiques existaient et chacune, soutenue par le gouvernement, priait à sa manière afin de mettre fin aux calamités qui affligeaient le pays. Nichiren, après une étude approfondie de tous les enseignements bouddhiques, en arriva à la conclusion que ces écoles s’étaient progressivement éloignées de l’intention du Bouddha et de son vœu : permettre aux êtres humains de parvenir au même état que lui, c’est-à-dire la bouddhéité. Pour Nichiren, la société ne pouvait sortir de l’impasse qu’en revitalisant chacun des individus qui la compose et non en priant des divinités et des bouddhas transcendantaux en espérant d’eux un secours extérieur.

3. Quelle est la philosophie du mouvement Soka ?

Pour comprendre la philosophie du mouvement Soka et ses valeurs, il est intéressant de se pencher sur la vie de son fondateur, T. Makiguchi, et l’esprit qui l’animait. Cet esprit est en droite lignée avec le Sûtra du Lotus et Nichiren, et il s’est transmis à ses successeurs, Josei Toda et Daisaku Ikeda. C’est également l’esprit qui anime aujourd’hui le cœur des pratiquants de la Soka Gakkai dans le monde entier.
Tsunesaburo Makiguchi (1871-1944) était enseignant et directeur d’écoles primaires. C’était un philosophe et un pédagogue hors pair. Il portait un grand intérêt à la condition humaine et sa préoccupation était toujours le bonheur et le bien-être de ses élèves et de tous les êtres humains. Le Japon de la première moitié du 20e siècle était en pleine transformation et dominé par un fort nationalisme. T. Makiguchi souffrait de voir que l’on n’instruisait les jeunes que pour en faire des serviteurs obéissants de l’Etat, alors que pour lui le but de l’éducation était de donner aux enfants le moyen d’être heureux dans leurs vies – mais pas simplement dans le futur, l’enfant devait être heureux dès maintenant, dans sa famille et dans son école. Il écrivit deux ouvrages pour exprimer sa pensée : « La géographie de la vie humaine » et « Éducation pour une vie créatrice de valeurs ». T. Makiguchi pensait qu’en effet, sur la base de la philosophie occidentale, les trois valeurs nécessaires pour être heureux étaient : le beau, le bon et le vrai. Cependant il ajouta une condition importante : une valeur qu’on a traduit par « gain », c’est-à-dire ou le bienfait concret pour sa vie. Ce n’est pas forcément d’ordre pécuniaire, mais plutôt dans le sens « satisfaction de besoin ». Pour lui, il était important de créer des valeurs (par définition positives) qui puissent répondre concrètement aux besoins des êtres humains. Le plus grand « Bien » pour lui c’était d’agir pour que chaque individu puisse vivre décemment et connaisse un véritable bonheur. Mais pas un bonheur égoïste. Son propre bonheur va de pair avec celui de la société dans laquelle on vit – cela correspond à la valeur philosophique du « bon ». Par exemple, quand on choisit un métier, les critères peuvent être : un beau métier (qui me plaît et qui correspond à mon éthique), un bon métier (qui est utile, au service de la société) et qui me rapporte de quoi vivre.
Ces critères de bonheur sont importants pour chacun et simultanément ils contribuent à l’environnement social. La société étant constitué d’un ensemble d’individus, plus il y a de gens heureux animés par ces vertus, plus la société devient harmonieuse et prospère. Pour T. Makiguchi, il est donc important que l’éducation amène les êtres humains à développer sagesse, force vitale, résilience, compassion, etc. – toutes ces vertus inhérentes à la vie qui permettent aux gens de mener des vies qui, malgré les difficultés de l’existence, créent des valeurs pour soi et les autres.
En tant qu’enseignant, T. Makiguchi mettait en application ce principe en encourageant les enfants, non seulement à acquérir des connaissances, mais aussi à développer la sagesse et l’énergie leur permettant de faire face et de transformer les difficultés en valeurs positives pour eux et pour les autres. Développer des femmes et des hommes de valeur qui contribueront à leur propre bonheur et à celui des autres. Plus tard, c’est dans son rôle de réformiste religieux que son dévouement à cette cause se manifesta le plus clairement. Il était persuadé qu’en développant une grande force spirituelle, les êtres humains avaient la capacité de transformer leur vie.
En 1928, T. Makiguchi rencontre un directeur d’école pratiquant le bouddhisme de Nichiren, un courant du bouddhisme alors peu connu au Japon. Il prend conscience que les principes philosophiques et la pratique de ce bouddhisme correspondent entièrement à ce qu’il pense et à sa théorie des valeurs. La philosophie de Nichiren met l’accent sur l’action concrète dans la société visant la revitalisation et le développement de la force intérieure de chaque individu.
Un personnage important dans l’histoire de la Soka Gakkai apparaît alors dans la vie de T. Makiguchi, il s’agit de Josei Toda. Ce jeune enseignant est admiratif de T. Makiguchi et de sa pensée et il devient son proche collaborateur et soutien. Leur relation illustre un principe fondamental dans le bouddhisme, qui consiste à s’éveiller à la loi (Dharma) à travers la relation profonde de maître et disciple.
Alors que sa pratique bouddhique s’approfondit, T. Makiguchi prend conscience que celle-ci est un moyen efficace pour créer les valeurs de beauté, de bonté et de gain qu’il a théorisées. A partir de ce moment, soutenu par son jeune disciple, il s’engage fermement à faire connaître cet enseignement, afin de donner à chacun les moyens de révolutionner sa propre vie, et par là même, transformer la société.
Il crée alors en 1930, avec son adjoint et disciple J. Toda, une association pour mettre en action leur idées. Au départ elle visait à faire évoluer l’éducation, étant eux-mêmes enseignants. Leur conviction était que tout commençait par une éducation permettant aux futurs acteurs de la société de créer des valeurs dans la société afin d’être heureux personnellement et d’agir pour le bien-être de celle-ci. Cette première association s’appelle Soka Kyoiku Gakkaï (« Association pour une éducation créatrice de valeurs »), et son but est de promouvoir les théories éducatives humanistes de T. Makiguchi.
Dans les années suivantes il évolue vers une vision plus large et développe la conviction que cette philosophie concerne l’ensemble de la société, au-delà du seul domaine de l’éducation. Il va se déplacer dans tout le Japon pour enseigner et encourager les gens à créer des valeurs dans leurs vies sur la base du bouddhisme, et à se forger un bonheur indestructible.
Débuta alors ce qui fut l’activité principale du mouvement jusqu’à nos jours : les réunions de discussion, par quartier. Pour T. Makiguchi, comme pour Nichiren, la valeur d’une religion se base sur trois critères : la preuve littérale (les textes), la raison (est-ce que l’enseignement donné est raisonnable, logique, ne s’oppose pas au bons sens) et la preuve factuelle (les résultats concrets), le plus important étant le troisième.
Nous pouvons spéculer sur la protection ou la force de telle ou telle divinité ou tel Dieu, les textes peuvent être beaux et convaincants mais ce qui est primordial ce sont les résultats : est-ce que j’ai concrètement changé ma vie ? Est-ce que je suis heureux ? Ce pragmatisme a toujours été fondamental pour Nichiren et ses disciples. C’est la raison pour laquelle, même maintenant, certains détracteurs, bouddhistes d’autres écoles ou non, disent que la Soka Gakkai n’est pas vraiment dans la tradition bouddhique car elle enseigne que l’on peut pratiquer pour résoudre des problèmes matériels comme trouver du travail, avoir de l’argent, recouvrer la santé, etc. alors que, selon eux, le bouddhisme devrait au contraire consister à annihiler les désirs et aspirer seulement à la bouddhéité. Mais comme le disait J. Toda, un système philosophique qui nie les attachements ou les désirs n’est pas raisonnable. Dans le Mahayana, et plus spécialement dans le bouddhisme de Nichiren, il ne s’agit pas d’éliminer les désirs pour atteindre le bonheur absolu mais plutôt, par sa propre force, les transcender et en faire une opportunité pour créer des valeurs et développer des vertus positives contribuant au bonheur. Pratiquer permet de faire apparaître sagesse et force vitale nécessaires pour régler nos problèmes.
Nichiren nous dit qu’il y a trois sortes de trésors pour un être humain : le trésor du corps, (la santé), le trésor du grenier (de quoi vivre), le trésor du cœur (la force intérieure ou bouddhéité). Le plus important est de développer le trésor du cœur et alors les deux autres suivront.
Nous voyons qu’en effet le plus important est d’atteindre un bonheur absolu ou bouddhéité, mais que les besoins quotidiens sont nécessaires. Pour beaucoup nous ne vivons pas dans des monastères ou en haut de l’Himalaya mais dans des situations concrètes de la vie moderne.
Beaucoup commencent à pratiquer pour résoudre des problèmes concrets et, par là même, chemin faisant ils développent leur force intérieure et fortifient leur état de bouddha. Les difficultés et les désirs deviennent des moyens opportuns pour développer sa bouddhéité où le simple fait d’être en vie est un bonheur en soi.

Avec le développement de la Soka Gakkai, les actions de T. Makiguchi furent entravés par une opposition venant du gouvernement. En 1939, ce dernier promulgua une loi pour le regroupement de tous les courants religieux sous la bannière du shintoïsme et le culte de l’Empereur. Prenant conscience que le bouddhisme de Nichiren risquait de disparaître, T. Makiguchi s’opposa avec J. Toda à cette décision en continuant inlassablement à transmettre ce bouddhisme au cœur du peuple.

Afin d’agir concrètement il se déplaçait dans tout le Japon pour enseigner et encourager les gens à créer des valeurs dans leurs vies et à se forger un bonheur indestructible. Débuta alors ce qui fut l’activité principale du mouvement jusqu’à nos jours, réunir localement dans de petites réunions, par quartier ,10 ou 15 personnes pour partager les expériences concrètes de bienfaits obtenus grâce à la foi et à la pratique. Pour lui, comme pour Nichiren, la valeur d’une religion se base sur trois critères : la preuve littérale (Les textes), la raison (est-ce que l’enseignement donné est raisonnable, logique, ne s’oppose pas au bons sens), la preuve factuelle (Résultats concrets).
En 1939, nationaliste et agissant sous la bannière du shintoïsme, religion d’état, le gouvernement promulgua une loi pour le regroupement de tous les courants religieux sous cette religion d’état. Prenant conscience que le bouddhisme de Nichiren risquait de disparaître, il s’opposa avec J. Toda à cette décision en continuant inlassablement à transmettre ce bouddhisme au cœur du peuple.
Le résultat ne se fait pas attendre, et après avoir subi des pressions, il est emprisonné le 6 juillet 1943, ainsi que J. Toda et vingt autres responsables de l’association. Face aux pressions, la majorité de ces responsables renoncent à leur engagement dans la fois et seuls Makiguchi et Toda y demeurent fidèles. T. Makiguchi lutta de toutes ses forces pour ses convictions face à des interrogatoires répétés et il mourut, affaibli, le 18 novembre 1944 à l’âge de 73 ans.
Le maître et le disciple furent séparés en prison. J. Toda continua son combat personnel à travers une étude approfondie du Sûtra du Lotus et une pratique bouddhique intense. A travers ses efforts acharnés à comprendre ce que le Sûtra entend par l’entité du bouddha, il fait l’expérience d’un profond éveil spirituel au sein même de sa cellule. Il comprend avec toute sa vie que ce qu’on appelle bouddha n’est pas un personnage ayant physiquement vécu en Inde mais que c’est la force vitale qui régit tout l’univers.
« Le Bouddha est la vie elle-même ! C’est l’expression de la vie. Le Bouddha se trouve dans notre vie même. Mais il existe également à l’extérieur de notre vie. Il est l’immensité de la vie cosmique. » (cit in D. Ikeda, La Sagesse du Sûtra du Lotus, chap. 2, Acep.)
Cette expérience éveille J. Toda à sa mission de transmettre largement le bouddhisme de Nichiren afin d’établir les fondations de la paix et marque le renouveau du bouddhisme au sein du mouvement Soka.
J. Toda sort de prison le 3 juillet 1945 très affaibli par son incarcération et attristé par le décès de son maître T. Makiguchi, mais animé d’un esprit combatif pour poursuivre l’action de son maître.
En sortant de prison, il décide de faire revivre l’association dans un Japon complètement détruit par la guerre. En accord avec la pensée de son maître, qui pensait que le bouddhisme de Nichiren concernait toutes les sphères de la société, il renomme l’association Soka Gakkai (« Association pour la création de valeurs »). S’appuyant sur l’expérience spirituelle qu’il a vécu en prison, il décide de reconstruire l’association avec la conviction que tout être humain peut faire jaillir de sa vie la nature de bouddha et ainsi obtenir des bienfaits dans sa propre vie et créer une paix durable dans la société. Il énonça une expression nouvelle et moderne concernant la manifestation de la nature de bouddha par l’expression « révolution humaine ». Le seul moyen de transformer le monde positivement est par le changement du cœur de l’être humain. Ce n’est que par un changement profond dans la vie de chaque personne, ce n’est qu’en prenant conscience que chaque être vivant est bouddha, que le respect de la dignité de la vie se manifestera dans la société. C’est le défi de ce qu’il appelle la « révolution humaine ».
C’est l’axe directeur et le fondement de la philosophie bouddhique de Nichiren. C’est aussi le le cœur de l’action de la Soka Gakkai. Cet esprit de Nichiren a été transmis par T. Makiguchi à J.Toda, qui lui-même s’évertua à le transmettre à ses successeurs.
En 1947 une rencontre décisive a lieu entre J. Toda et un jeune homme de 19 ans, Daisaku Ikeda. Impressionné par la personnalité et la conviction de J. Toda, ce dernier se convertit au bouddhisme de Nichiren et décide de consacrer sa vie à la réalisation du vœu de paix de celui qu’il considère rapidement comme son maître.
Sous l’impulsion, la détermination, les efforts de J. Toda et de son disciple D. Ikeda, le mouvement connait un grand développement dans la société japonaise et touche des milliers de personnes.
J. Toda, qui avait reconstruit le mouvement, prend la décision d’assumer la responsabilité du développement du mouvement. Il est nommé président le 3 mai 1951. Sous sa direction, la pensée de Nichiren et sa conviction profonde devinrent l’esprit fondateur de la Soka Gakkai, rassemblement de personnes qui souhaitent contribuer au bien-être de la société par leur propre développement et leurs actions concrètes. On peut dire que J. Toda est celui qui va donner une dimension sociale et culturelle à la Soka Gakkai.
J. Toda s’engage aussi fortement contre les armes nucléaires et fait une déclaration historique le 8 septembre 1957, l’année précédant sa mort, en faveur de leur abolition.
Evidemment cette reconstruction du mouvement après la guerre et l’énergie déployée pour transmettre la Loi bouddhique ne fût pas sans peines et obstacles. Plus un but est important et plus il rencontre d’obstacles. Ce principe s’est révélé juste, car dès les débuts du mouvement jusqu’à nos jours, la Soka Gakkai a dû faire face à de nombreuses attaques. Depuis sa sortie de prison, J. Toda n’avait pas ménagé ses efforts. Le 16 mars 1957, sentant sa santé décliner, il participe à un grand rassemblement de la jeunesse durant lequel il confie la réalisation de la paix dans le monde à la jeunesse du mouvement Soka.
Il meurt le 2 avril 1958 à l’âge de 60 ans. La Soka Gakkai dépasse le nombre de 750 000 familles pratiquantes et c’est en 1960 que son proche disciple, Daisaku Ikeda, est nommé président du mouvement. D. Ikeda, héritier de deux premiers présidents fondateurs, perpétue leur esprit à l’échelle mondiale.
La pensée de Daisaku Ikeda, comme celle de ses prédécesseurs, s’articule autour de l’idée que la clé d’une paix mondiale durable ainsi que du bonheur individuel réside dans une transformation dans la vie-même de chaque personne, et non dans de seules réformes sociétales ou structurelles. Cette idée s’exprime dans ce passage de son ouvrage le plus connu, La Révolution humaine :
« Une révolution profonde dans le caractère d’une seule personne contribuera à changer la destinée d’une société et celle de l’humanité tout entière. »
D. Ikeda est romancier et il transmet aussi des encouragements à travers ses œuvres poétiques et ses photos. Ses efforts sont attestés par des diplômes honoris causa de plusieurs universités à travers le monde. Il entama durant des années des dialogues avec des personnes renommées dans leurs domaines (religieux, intellectuels, universitaires, etc.) et ses dialogues pour la paix sont publiés en plusieurs langues.

Pour mieux comprendre la Soka Gakkai à l’aube du 21e siècle nous devons aussi aborder sa relation avec l’école religieuse née au 13e siècle autour de Nichiren et de l’influence qu’eut celle-ci dans les difficultés de la reconstruction.
Après la mort de Nichiren l’école du mont Fuji s’est développée sous l’initiative du proche disciple de Nichiren, le moine Nikko Shonin. Durant sept siècles l’école se développa à travers le Japon, avec l’apparition de divers temples locaux, soutenus par les laïcs locaux selon le système religieux danka, commun aux différents courants (Zen, Nembutsu, etc.). Les moines, avec à leur tête le grand patriarche, avaient pour mission de garder l’enseignement du fondateur, d’étudier, de pratiquer et d’organiser des cérémonies religieuses.
Quand T. Makiguchi et J. Toda se convertissent ils sont reliés à cette école. En créant la Soka Gakkai, ils créent un grand mouvement laïc structuré ayant pour objectif de faire connaître largement les valeurs bouddhiques dans la société, contrairement aux moines qui pratiquent et étudient au sein des temples. Pour les fondateurs de la Soka Gakkai, comme nous l’avons vu plus haut, une religion doit participer concrètement à l’amélioration de la société. C’est la philosophie des valeurs de T. Makiguchi. Nous pouvons dire qu’ils ont sorti le bouddhisme des temples en développant un « bouddhisme engagé » ; Cette dimension de bouddhistes engagés est, encore à l’heure actuelle, la caractéristique reconnue à la Soka Gakkai par les observateurs et sociologues.
Le fait que la Soka Gakkai soit composée de laïcs engagés dans la société heurte « l’image d’Epinal » selon laquelle le bouddhisme est une philosophie, ou une religion, qui cherche à se mette en retrait de la société afin de développer sa nature de bouddha.
Devant le développement du mouvement laïc autour de D. Ikeda, une « cabale »s’organisa conte la Soka Gakkai, à partir des années 80, afin de séparer les croyants de D. Ikeda, et les « ramener » vers le grand patriarche, responsable du clergé. Les différentes actions destructrices (campagnes d’articles de presse diffamatoires, procès, etc.) n’ont pas découragé les membres laïcs qui affirmèrent leur confiance en la Soka Gakkai et en son président. De ce fait, les moines interdirent aux croyants de venir au temple et, en 1991, la Soka Gakkai et ses millions de membres furent tous excommuniés, une première dans l’histoire des religions ! Depuis cette date, la Soka Gakkai est donc devenue une école bouddhiste indépendante.

4. Quelles sont les valeurs du mouvement Soka ?

La valeur fondamentale du mouvement Soka est le respect de la dignité de la vie. Chaque être humain possède la nature de bouddha et nous sommes tous égaux. Si je crois dans ma bouddhéité inhérente, je m’éveille au fait qu’elle est présente chez tous les êtres vivants et ainsi je me respecte et je respecte les autres. Une illustration de cette manière d’être est présentée dans un chapitre du Sûtra du Lotus, à travers l’histoire du bodhisattva « Jamais-méprisant » (Fukyo).
Le bodhisattva Jamais-méprisant s’inclinait devant chaque personne en leur disant : « Je vous respecte profondément. Jamais je n’aurai l’audace de vous mépriser ou d’être arrogant à votre égard, car vous pratiquerez tous un jour la voie du bodhisattva et atteindrez immanquablement l’état de bouddha. »
Le bouddhisme de Nichiren est profondément humaniste car il s’adresse à tous les êtres humains sans exception et voit en eux un bouddha en potentiel.
Dans l’humanisme occidental, dont je suis issu, l’être humain est au centre, il domine le reste, et l’environnement est à son service. L’humanisme bouddhique concerne tous les êtres vivants, car tous les êtres sont dotés du potentiel de la nature de bouddha, et tous sont donc dignes de respect. Je crois que c’est un principe qui nous permettra de créer un monde harmonieux.
Le bouddhisme de Nichiren est aussi humaniste par opposition à l’autoritarisme. Un gouvernement, une organisation religieuse doit être au service de la société et des personnes qui la composent et non l’inverse. Nichiren écrivait : « Le cœur des enseignements de toute une vie [de Shakyamuni] est le Sûtra du Lotus, et le cœur de la pratique du Sûtra du Lotus est le chapitre Fukyô. Quel est le sens du profond respect que manifestait le bodhisattva Fukyô aux êtres humains ? Le véritable sens de la venue du bouddha Shakyamuni en ce monde fut d’offrir un modèle de comportement humain. » Dans ce sens, le bouddhisme de Nichiren est profondément humaniste car il met l’accent sur l’être humain et sa dimension sacrée et non sur l’espoir dans un être transcendantal.
L’intention profonde qui motive la Soka Gakkai est le bonheur des êtres vivants sur cette planète. Soutenir chaque personne afin qu’elle puisse gagner en autonomie et être heureux en développant ses ressources intérieures comme la sagesse, la force vitale et la compassion.
Daisaku Ikeda, président de la Soka Gakkai internationale, a souvent insisté sur l’importance de l’esprit religieux dans l’enseignement de Nichiren. Il écrit : « L’esprit religieux désigne le pouvoir spirituel intérieur de faire surgir du nihilisme le courage, et du désespoir l’espoir, c’est un esprit qui incite à chercher ce pouvoir spirituel en soi et chez les autres, ainsi que dans tous les phénomènes universels. L’esprit religieux consiste à croire que nous possédons en nous le pouvoir de surmonter toutes les difficultés ou impasses, quelles qu’elles soient, et d’agir de façon positive afin de créer des valeurs nouvelles. L’esprit religieux sert à percevoir l’éternel et l’absolu chez les êtres humains, et il est à souhaiter pour que leur vie resplendisse. »
Le bouddhisme se manifeste par un comportement quotidien empreint d’une profonde humanité. Le bouddha n’est pas un dieu au-dessus des êtres humains, ça n’est pas un être supérieur. Nous sommes convaincus du potentiel positif inhérent à chaque être humain.

5. Le mouvement Soka est-il international ? Comment est-il organisé et structuré ?

Le mouvement Soka est effectivement international, il est présent dans 192 pays et compte plus de 12 millions de pratiquants. Les organisations des différents pays, bien qu’autonomes, forment un réseau : la Soka Gakkai Internationale (SGI), dont le siège est au Japon.
La Soka Gakkai Internationale est dirigée par Daisaku Ikeda, qui l’a fondée en 1975. Aujourd’hui encore, il continue à transmettre ses commentaires des enseignements bouddhiques et ses encouragements à tous les pratiquants du monde en tant que maître bouddhique.
Une instance, correspondant à ce qu’on pourrait appeler un « consistoire », est présente au Japon, lieu d’origine de ce bouddhisme. C’est une entité morale qui représente le mouvement dans le monde et a pour fonction d’être garante de l’enseignement.
Ainsi, dans l’organisation de chaque pays, les principes, les points doctrinaux et la compréhension des textes de Nichiren sont transmis par le Japon. Juridiquement parlant, chaque organisation locale a sa propre structure autonome et se développe en accord avec le pays dans lequel elle existe.
En France par exemple nous avons une spécificité qui nous est propre, en accord avec la république laïque et les lois de 1901 et 1905. Pour cette raison, notre mouvement en France est structuré en trois associations :
– Une association cultuelle : ACSBN (Association cultuelle Soka du bouddhisme de Nichiren) reconnue comme entité religieuse.
– Une association culturelle : ACSF (Association culturelle Soka de fance).
– Une association commerciale : ACEP, qui gère entre autres les publications.
Les trois associations sont indépendantes les unes des autres.
Ces associations sont également indépendantes par rapport à la Soka Gakkai Internationale. Le financement des quelques membres permanents de l’ACSBN et de l’ACSF et des frais liés aux activités est réalisé uniquement par les dons des pratiquants français (20 000 personnes environ).

L’activité principale du mouvement, en accord avec l’esprit cité plus haut, est le dialogue et la transmission d’expériences concrètes dans de petites réunions se déroulant chaque mois au domicile de pratiquants. Il existe environ mille réunions de ce type en France. C’est le point commun à toutes les organisations SGI dans le monde, et ce depuis l’époque de T. Makiguchi. Le mouvement ne privilégie pas les grandes manifestations, même si dans chaque pays, comme au Japon, se déroulent de grands évènements culturels. Les réunions de discussion à l’échelle locale sont des regroupements de 10 à 15 personnes où croyants et invités se rassemblent pour étudier, dialoguer et raconter leurs expériences de pratique. La Soka Gakkai pratique un bouddhisme du peuple, dans le peuple et pour le peuple. La réunion de discussion est un rassemblement de femmes et d’hommes ordinaires qui dialoguent sur les différents aspects de la vie et s’encouragent mutuellement.
A travers son association culturelle le mouvement organise des évènements, expositions, spectacles et conférences d’intérêt général. Depuis 2000, de multiples conférences (interreligieuses notamment) ont été organisées et se sont déroulées dans nos centres bouddhiques. En 2016, une exposition et un colloque international sur les sûtras bouddhiques se sont déroulés à l’UNESCO. L’exposition a attiré 7000 visiteurs. En décembre 2019, une exposition et un colloque sur l’éducation aux droits humains eurent lieu également à l’UNESCO, avec des partenaires de différentes obédiences, des représentants de l’UNESCO et de l’ONU.
En tant que personnes ayant choisi la voie du bouddha nous développons notre état de vie par la foi, la pratique et l’étude et simultanément agissons dans la société individuellement ou collectivement, en tant que citoyens engagés.

6. Sokka Gakai et environnement, quelles positions ?

Il existe un principe important dans la philosophie bouddhique : l’inséparabilité entre soi et l’environnement (en japonais, esho funi). Selon ce principe, l’être humain vit des rapports étroits avec le monde des relations humaines mais aussi avec l’environnement naturel.
L’être humain et son environnement font profondément partie de la même entité appelée « vie » ou nature de bouddha. Nous ne sommes pas des individualités séparées des autres mais nous vivons en étroite interrelation (interdépendance). Ainsi, créer des souffrances aux êtres vivants, c’est se faire du mal à soi-même.
Le bouddhisme de Nichiren explique que tous les êtres vivants possèdent de manière inhérente dix états de vie. A chaque instant un être humain passe d’un état à un autre. Il peut être dans l’avidité à un moment (quand il a faim par exemple) et dans l’état de joie temporaire après avoir répondu à son besoin. Un stimulus extérieur peut également déclencher la colère mais une heure après il peut être dans un acte de compassion envers un être humain. Tout change à chaque instant et l’environnement est le reflet de l’état dominant de la personne.
Si l’état dominant d’une majorité d’êtres humains est la colère alors le monde est en guerre. Si c’est l’avidité alors les ressources disparaissent au profit de quelques-uns. Si l’état dominant est l’état de bouddha alors l’environnement devient paisible.
Comme Nichiren l’a écrit : « Si l’esprit des êtres vivants est impur, leur terre aussi est impure mais que, si leur esprit est pur, leur terre l’est également. Il n’y a pas de terre pure ou impure en soi. La différence réside seulement dans le bien ou le mal à l’intérieur de notre esprit. »
Changer son cœur, ou son esprit, en profondeur, devient dès lors le principal défi d’un pratiquant bouddhiste. C’est ce que nous appelons la « révolution humaine ».
La révolution humaine permet de changer sa vie et celle de l’humanité. Notre grand défi, je crois, consiste à transformer notre manière de pensée centrée, en grande partie, sur soi-même en compassion pour tous les êtres vivants. Consacrer sa vie, en dépassant son égo, au développement du « grand soi » commun à tous et en agissant pour ôter la souffrance. Ces efforts et cette persévérance sont caractéristiques du bodhisattva dans le bouddhisme du Grand véhicule et incluent la planète entière, c’est-à-dire les êtres humains et leur environnement.
Chaque année depuis 1983, le 26 janvier, date anniversaire de la fondation de la Soka Gakkai Internationale, Daisaku Ikeda écrit une proposition pour la paix, sur des domaines tels que l’éducation, le désarmement, l’environnement. Cette proposition est transmise à différentes personnalités mondiales et à l’ONU.
Dans ces propositions ainsi que d’autres textes, le thème de l’environnement est souvent abordé en tant que sujet de première importance et ce, dès 1978. Dans un article intitulé Le problème de l’environnement et le bouddhisme, publié par l’Institut de philosophie orientale en 1990, il déclare :
« La désertification visible de la planète correspond précisément à la désertification spirituelle de la force vitale. La relation que les êtres humains entretiennent avec la nature est intimement liée aux relations interpersonnelles, ainsi qu’à la relation du soi avec sa vie intérieure. L’égoïsme des personnes dont l’“environnement intérieur” est pollué et désolé se manifeste invariablement par la domination, la dépossession et la destruction de l’environnement extérieur. »
Dans une proposition rédigée sur le développement durable en 2002, il a appelé à la mise en place d’une Décennie des Nations Unies pour l’éducation au service du développement durable et a déclaré :
« Dans le cas des problèmes environnementaux, qui peuvent être si vastes et complexes (…) les informations et les connaissances seules peuvent laisser les gens perplexes, se demandant ce que tout cela signifie pour eux, sans savoir exactement quelles mesures concrètes ils peuvent prendre. Pour contrer ces sentiments d’impuissance et de déconnexion, l’éducation devrait encourager la compréhension des liens étroits que les problèmes environnementaux entretiennent avec notre vie quotidienne. L’éducation doit également inspirer la conviction que chacun de nous a le pouvoir et la responsabilité d’opérer un changement positif à l’échelle mondiale. »

Dans sa proposition pour la paix de 2012 (Conférence sur le développement durable, Rio +20), Daisaku Ikeda soutient l’idée que les êtres humains peuvent être les grands acteurs d’un changement positif :
« Bien que les ressources physiques soient limitées, le potentiel humain est infini, de même que notre capacité à créer des valeurs. La véritable importance du concept de développement durable est (…) doit être pris dans un sens dynamique, pour inciter à des efforts, à une compétition, pour créer des valeurs positives et les partager avec le monde et les générations futures. »
Dans sa sphère culturelle et humaniste, le mouvement Soka a multiplié à travers le monde des actions, expositions et conférences, concernant l’environnement avec pour base l’importance des actions d’un seul individu.

7. Sokka Gakkai, un mouvement d’influence ?

En effet, la Soka Gakkai est influente de par le fait qu’elle regroupe 12 millions de pratiquants dans 192 pays, dont 8 millions au Japon. On peut dire que Nam-myoho-renge-kyo est récité 24h sur 24h autour du monde.Une telle force commune basée sur la détermination de créer un monde paisible a forcément un impact.
Si l’on prend la question sous l’aspect spirituel, le bouddhisme nous explique que les êtres vivants ont de manière inhérente un ensemble d’états de vie commun (voir plus haut). La souffrance, l’avidité, l’animalité, la colère etc. mais aussi la compassion et l’état de bouddha, qui représente la force vitale, la sagesse et la compassion. Un nombre important d’êtres humains exprimant leur nature de bouddha exerce une influence profonde sur la société en la dirigeant vers la création de valeurs et le respect de la dignité de la vie.
Le mouvement est également influent par ses actions et celles de son président Daisaku Ikeda, notamment concernant l’abolition des armes nucléaires et l’environnement. Daisaku Ikeda n’a de cesse depuis des décennies d’entamer et de poursuivre des dialogues avec de grands intellectuels et des représentants religieux afin de trouver des solutions aux troubles de notre époque.

8. Il existe plusieurs bouddhismes je crois, quelle est la relation de la Soka Gakkai avec les autres courants bouddhiques ?

Quand on dit « le bouddhisme », en fait il y a des bouddhismes. Le Bouddha historique Shakyamuni, qui vécut 6 siècles avant JC, a enseigné de 30 à 80 ans, afin de permettre à tous les êtres humains d’atteindre le même état de bonheur absolu que lui. Son but était d’éliminer la souffrance liée à la naissance, la maladie, la vieillesse et la mort en développant un grand état de vie permettant de vaincre les causes des souffrances liées à la condition humaine.
Il commença à prêcher en s’adaptant aux différentes personnes qu’il rencontrait, et créa autour de lui un groupe de disciples qui devint le Sangha : des moines, femmes et hommes qui partageaient son enseignement.
A 72 ans, et durant 8 ans, il donna un nouvel enseignement, prêchant que tous les enseignements donnés jusque-là étaient provisoires et n’avaient pour but que de préparer à l’enseignement essentiel. Tous les êtres vivants ont la nature de bouddha de manière inhérente et donc tous les êtres humains, sans distinction, sont égaux. Il expliqua qu’il n’avait pas atteint l’état de bouddha en cette vie mais qu’en fait il était bouddha de toute éternité, qu’il s’était éveillé à la loi qui régit toutes choses dans l’univers et que tout le monde peut connaître le bonheur absolu, caractéristique de l’état de bouddha. Pour cela il n’existe pas plusieurs enseignements ou pratiques mais un seul « Véhicule unique » consistant à se fonder sur la loi ultime de l’univers, la respecter, la saluer, la réciter, la transmettre pour l’éveil de tous.
Cet enseignement fût oral. Après son décès ses grands disciples se réunirent en un concile afin de fidèlement collecter les enseignements de leur maître. Plus tard, après un certain nombre de conciles, les enseignements furent mis par écrit dans des documents appelés sûtras.
Bien plus tard, des dissensions eurent lieu au sein du Sangha (communauté bouddhique) et l’enseignement se divisa en deux grands courants, le Theravada (Hinayana ou « Petit véhicule ») et le Mahayana (Grand véhicule).
Le Theravada restitue la vie et l’enseignement du Bouddha à la lettre (bouddhisme des anciens) et s’est répandu en Asie du Sud Est. Le Mahayana privilégie l’intention, l’esprit du Bouddha, par rapport à la lettre, consistant à permettre aux êtres humains d’atteindre la bouddhéité sans changer d’apparence dans cette vie-ci. Pour les bouddhistes du Theravada, nous pouvons atteindre un grand état de vie proche de la bouddhéité ou la bouddhéité elle-même au terme de plusieurs vies. Dans le Mahayana, et principalement dans le bouddhisme de Nichiren, on peut atteindre la bouddhéité dans cette vie sans changer d’apparence en pratiquant la voie de bodhisattva.
La multitude d’écoles vient du fait que durant la transmission « géographique », l’enseignement s’est modifié, localement (en Inde) et ensuite en passant en Chine, en Corée et au Japon ou en se propageant en Asie du sud-est ou au Nord vers le Népal et le Tibet. A chaque époque le bouddhisme s’est adapté aux cultures locales.
Fondamentalement, le but pour l’ensemble des écoles est de permettre à tous de connaître le bonheur. Simplement, différents maîtres sont apparus qui chacun interprétèrent l’enseignement du Bouddha et différentes pratiques se sont installées. Dans le Sûtra du Lotus, enseignement suivi par Nichiren, et avant lui Tiantai et Dengyo en Chine, sont inclus toutes les pratiques. Selon ce courant du bouddhisme, il est de tradition de dire qu’il y a les enseignements antérieurs au Sûtra du Lotus (provisoires) et que celui-ci est l’enseignement définitif prêché par le Bouddha dans l’ultime période de sa vie.
En ce sens le bouddhisme du Sûtra du Lotus est inclusif et non exclusif. Tout l’enseignement du Bouddha depuis le début est contenu dans le « Véhicule unique. »
Bien sûr, il s’agit de notre conviction en tant que pratiquants de ce sûtra. D’autres écoles, s’appuyant sur d’autres sûtras, l’entendent différemment. Mais ce qui est important, c’est le fait que nous sommes tous des disciples du Bouddha et animés par la compassion pour tous les êtres vivants. Malgré nos différences doctrinales ou de pratiques nous participons tous au bonheur de la société.

9. Quels sont les signes extérieurs qui caractérisent ce mouvement ?

Contrairement aux autres écoles bouddhiques (y compris celle dont est initialement issue la Soka Gakkai) et aux courants religieux institutionnalisés, la Soka Gakkai se différencie par l’absence d’un clergé en « robe ». Nous avons un maître bouddhique qui nous transmet l’enseignement ainsi que des aînés dans la foi, mais il n’y a pas de hiérarchie. Les cérémonies religieuses (mariages, funérailles, vœux d’engagement) sont menées par des ministres du culte laïcs.
Cela peut sembler paradoxal de parler de laïcs alors que nous pratiquons une religion, mais il faut prendre ce terme dans le sens d’absence de position religieuse permanente. Chaque croyant à une relation directe avec son objet de culte et une relation dans son cœur avec celui qu’il a choisi comme maître spirituel pour vivre l’enseignement. Le salut ne vient pas d’un intermédiaire mais de son propre engagement en développant une foi autonome. Il n’y a pas de croyant supérieur à un autre, il n’y a que des camarades partageant la même croyance avec leur maître spirituel.
D’autre part, contrairement à ce que l’on peut penser du bouddhisme comme philosophie ou religion coupées du monde, recluses dans des temples et en méditation, les croyants de notre mouvement sont des citoyens engagés dans la société comme tout un chacun. La Soka Gakkai, de ce fait, est caractérisée par les sociologues comme un « bouddhisme engagé ».
Pour ma part, je suis profondément en quête spirituelle et profondément laïc. La pratique de la foi m’est personnelle et je m’efforce d’agir dans la société en bon citoyen en respectant toutes les opinions. La religion au 21e siècle peut effectivement être « laïque ». Elle est un rassemblement des personnes partageant une foi religieuse de manière autonome, avec un maître, leur égal, sans être sous l’autorité religieuse d’un clergé.

10. La Soka Gakkai est-elle présente sur le terrain de l’humanitaire ?

Comme nous l’avons abordé précédemment, la SGI agit dans l’esprit du respect de la dignité de la vie et concrètement pour l’établissement de la paix dans le monde. La paix n’est pas la simple absence de conflits armés mais un processus qui permet de transformer les tendances destructrices présentes chez les êtres humains en énergies positives pour la création de valeurs.
Dans cet esprit, les organisations de la SGI dans les différents pays du monde agissent concrètement selon leurs propres contextes.
La SGI, par exemple, est reconnue comme ONG au sein des Nations unies depuis 1983 et depuis elle a soutenu :
• le Haut-Commissariat pour les réfugiés (UNHCR)
• l’Organisation pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO)
• le Conseil économique et social des Nations unies (ECOSOC)
• le Département de l’information publique des Nations unies (UNDPI)

Elle a aussi participé aux sommets de la Terre en 1992 et en 2002.
La SGI a reçu le Prix de la paix en 1983 et le Prix humanitaire de l’UNHCR en 1989.
Dans chaque pays des initiatives sont prises par les pratiquants. Par exemple, l’organisation de collectes de fonds en faveur des réfugiés asiatiques et africains en 1973, campagnes en faveur du Vietnam et de l’Afrique de l’Ouest. Les sommes réunies ont été remises à l’UNHCR ainsi qu’à d’autres institutions des Nations unies pour acheter du matériel médical et de la nourriture, et pour apporter une contribution aux programmes éducatifs des pays et régions concernés.
Un point important est à souligner. Bien sûr, la SGI contribue à des actions humanitaires mais ça n’est pas fondamentalement son rôle. La mission qu’elle s’est donnée c’est l’éveil des êtres humains et leur transformation comme nous l’avons vu. Elle agit, sur la base des valeurs et de la pratique du bouddhisme, pour que chaque être humain transforme son cœur et agisse dans la société de manière autonome. La SGI réalise des actions en son nom, mais principalement ce sont les pratiquants qui sont les vrais acteurs du changement de la société par leurs actes et leurs comportements dans leur sphère immédiate : famille, travail, quartier, associations, etc.

11. Quels sont les projets Soka ?

Les projets sont contenus dans les réponses faites plus haut. Nous ne cesserons d’agir dans notre environnement local pour être de bons citoyens animés par l’esprit du bodhisattva. Nous continuerons, chacune et chacun, à faire notre révolution humaine afin de connaître un bonheur absolu et ainsi influencer positivement notre environnement. Nous n’avons pas pour projet que tout le monde pratique le bouddhisme. Notre seule détermination est : comment soulager les êtres humains qui souffrent ?
Personnellement, je suis seul à pratiquer la voie du bouddha dans ma famille et je ne cherche pas à convertir celle-ci. Mais je suis convaincu que si mon état de bouddha est dominant alors ma famille pourra être sereine. Bien sûr, je souhaite qu’un jour chacun s’éveille au diamant qu’il a au fond de lui… mais chacun son chemin.
Chaque pays est autonome et organise des manifestations au service de la paix, expositions, conférences ou actions culturelles. Il n’y a pas d’actions collectives internationales organisées par la Soka Gakkai.
En France, depuis les années 2000 nous avons organisé des conférences et des expositions. Nous sommes très engagés dans l’interreligieux. En 2016 nous avons organisé une grande exposition à l’UNESCO sur les « Ecrits bouddhiques » qui eut un grand succès (7000 visiteurs en 10 jours) ainsi qu’une conférence importante avec des spécialistes sur le Sûtra du Lotus. Cette exposition a ensuite été présentée à Rennes et Marseille et elle est prévue à Lyon en 2020.
En décembre 2019, en partenariat avec d’autres associations, des représentants de l’UNESCO, de l’ONU et de pays membres, nous avons organisé une exposition et un colloque autour de l « éducation aux droit humains », projet lancé en 2005 par l’ONU.

12. L’internet et surtout le web 2.0 change la donne en termes de communication. Comment gérez-vous cette révolution ?

A 55 ans, un groupe important français m’a confié la création et l’animation d’une université d’entreprise privée. A l’époque j’expliquais à des groupes composés de cadres que la raison d’être d’un responsable était de gérer et d’anticiper le changement. Quand j’étais jeune on entrait dans une entreprise et on y restait parfois toute sa vie. Maintenant le changement est permanent. Il faut s’adapter à chaque instant. Et la communication est primordiale, même si elle est malheureusement parfois utilisée à mauvais escient.
Dans le mouvement Soka, la jeunesse est très engagée et elle vit maintenant dans le monde de l’intelligence artificielle. Transmettre ses idées et agir passe obligatoirement par les nouvelles formes de communication. Dans la SGI, nous utilisons tous les moyens de communication : réseaux sociaux, sites internet, etc.
Le monde est traversé par des forces de destruction et de construction, par l’altruisme et l’égoïsme, etc. Il ne faut pas laisser la place à ce qui rabaisse les êtres humains, et va à l’encontre du respect de la dignité de la vie. Il est important de contrer cela par des messages valorisant l’humanité.
Tout ce qui est technologie n’est ni bon, ni mauvais en soi, cela dépend de nous.
L’être humain a développé de grands moyens techniques et grâce à cela nous avons réalisé d’immenses progrès, ne serait-ce que dans le domaine de la santé par exemple. Le problème n’est pas la technologie ou le web, ce ne sont que des outils, mais : qui les utilise et quelles sont les motivations ?
Comme nous l’avons abordé plus haut, que ça soit en matière de technologie, de politique, de culture, d’économie, tant que l’être humain ne fera pas preuve de sagesse et de compassion, nous irons dans le mur.
Donc, en tant que bouddhistes engagés dans la société, nous utilisons dans tous les pays où nous sommes présents les réseaux sociaux et internet afin de communiquer entre nous et de faire connaître nos idées humanistes pour la paix.
En France, nous avons un site officiel sur lequel tout un chacun peut trouver réponse aux questions sur notre mouvement. Il est important d’avoir un site officiel car s’il est vrai que chacun peut créer son site, à bon escient d’ailleurs, nous ne pouvons garantir la fiabilité des textes qui y sont présentés.

Adepte de la définition : Have fun, do good and make money …
François Marland a passé sa vie à réunir ces trois principes et il nous explique comment dans les lignes ci-dessous.

Parlez-nous de votre parcours François, vos études, votre formation ?

François Marland : Mon parcours est dense, protéiforme et long : mes études l’ont été tout autant. J’ai une formation de droit. Plus précisément, j’ai passé une maîtrise de droit à Nanterre et ensuite le CAPA pour devenir avocat. En parallèle de mon CAPA, j’ai fait des études de psychothérapie émotionnelle et cognitive aux Etats-Unis et en Europe de 1977 à 1980.

Quelle est votre première expérience professionnelle marquante ?

François Marland : C’est sûrement celle qui m’a donné l’envie de devenir avocat. A 18 ans, ma marraine habitait à Oran ou j’allais la voir pendant mes vacances. Elle avait un ami, Ahmed Settouti, qui était un grand avocat algérien qui plaidait encore en français à l’époque en 1972 (plus tard l’interdiction de plaider dans cette langue a été votée par au profit de l’arabe). Pendant mes vacances, donc, Ahmed Settouti m’a emmené dans toutes les cours de province de l’oranais pour plaider des petites, des moyennes et des grandes affaires, et ce avec une éloquence et une foi digne d’un Badinter ou d’un Témime. C’est cette expérience qui a clairement déterminé mon choix de devenir avocat, puisque j’ai passé mon barreau à 24 ans : je le dois à Ahmed Settouti. J’ai d’ailleurs conservé de belles relations avec lui par la suite.

En ce qui concerne la profession de thérapeute, deux ans avant de passer mon CAPA, mon père devait aller à une information sur les thérapies émotionnelles : ne pouvant pas s’y rendre, j’ai pris sa place. C’est là que j’ai découvert les thérapies émotionnelles qui sont devenues, pendant 11 ans de ma vie, une grande partie de mon activité professionnelle, et probablement le plus beau métier que j’ai pu exercer.

Cependant, l’expérience professionnelle la plus marquante que j’ai vécu est certainement celle qui a marqué mes débuts en tant que jeune avocat. J’étais allé voir mon premier détenu en prison et mes chers confrères m’ont affirmé qu’il fallait porter la robe. En novice, je me suis exécuté et marchais donc dans les couloirs de la prison en robe d’avocat, fier comme Artabana alors qu’en réalité on ne porte jamais la robe lorsque l’on va en prison : Les gardiens, le détenu et mes chers confrères ont beaucoup ri de me voir me pavaner tel un paon.

Bien sûr pendant mon excitante jeune carrière, il y a eu de multiples expériences marquantes comme lorsque je plaidais le 24 et 31 décembre, jusqu’à 23h, à la chambre 23 des flagrants délits que l’on appelait la chambre des « flagrants délires », tant les situations étaient étonnantes, insultantes pour la justice sur le plan moral. On y voyait, par exemple, des procureurs virulents réclamaient de trop lourdes condamnations de fin d’année contre de pauvres travestis à la barbe renaissante et autres paumés de fin d’année trop festive.

J’ai par ailleurs durant trois années donné des cours de droit civil , social et de culture générale dans différents établissements publics et privés : la sortie du livre « guérir des pièges de notre enfance » chez Flammarion en 1983 m’a amené à opter , au regard de l’engouement des ses lecteurs , pour l’abandon des cours au profit des groupes de thérapie que j’animais deux fois par mois : c’était passionnant , car c’était la démonstration que l’être humain peut changer en prenant ce qu’il y avait de positif dans les thérapies comportementales et analytiques , au regard de notre définition d’êtres émotionnels et conceptuels tous ensemble, animés et d’un cerveau limbique et d’un autre cortex .

Quelle est la rencontre humaine la plus surprenante que vous ayez faite ?

François Marland : C’est mon père tout simplement : Serge Marland. C’était un être magnifique, un valeureux au sens d’Albert Cohen. Serge était magnifique par son humanité, par sa culture, qui était immense, par sa gentillesse et sa rigueur et par sa vision de l’être humain, héritée (et magnifiée de son père). C’était donc un modèle extraordinaire qui était lui-même marqué par mon grand-père, Maurice Marland. Maurice Marland a marqué sa génération, en tout cas à Granville, en étant, d’abord, le professeur Marland, en philosophie, français et anglais. Devenu résistant très naturellement le jour de l’entrée des allemands à Granville, il organisa, ensuite, la résistance et le réseau de fuite des aviateurs anglais vers les iles anglaises. Il a ainsi organisé la fuite et le sauvetage de parachutistes anglais qui lui valurent la médaille posthume attribuée par Atlee. Il a été assassiné quand mon père avait 18 ans. Tous les matins, mon père passait devant la statue de mon grand-père à Granville et chaque fois que quelqu’un le croisait, il s’arrêtait pour lui serrer la main et lui dire que mon grand-père était quelqu’un de magnifique. Il a donc hérité de cette espèce de magnificence.

Vous êtes un homme d’affaire qui a fait ses preuves dans différents domaines, parlez-nous de vos activités actuelles.

Marland François : Commençons par la joaillerie. J’ai pris une licence haute joaillerie d’une fabrication de montre Suisse, Quinting, pour de mauvaises raisons : j’ai aimé le système de transparence qui le constituait, seule montre de ce type existant sur le marché de l’horlogerie aujourd’hui.

Ma seconde activité, Stark-Hair, se focalise sur des cliniques de « hair restoration », c’est-à-dire qu’elles sont spécialisées dans la restructuration capillaire : greffe des cheveux à travers le déplacement de follicules. Aujourd’hui, nous avons plusieurs cliniques : une clinique en Grèce à Thessalonique, une à Milan en Italie et une clinique à Montpellier. L’idée, en milieu d’année prochaine, est de monter entre 6 et 8 établissements et 50 dans les 4 prochaines années. Ces cliniques seront donc consacrées à la restauration capillaire, mais aussi au Botox, à l’acide hyaluronique, à la micro pigmentation pour les cheveux (quand il n’y a pas de possibilité de déplacer des bulbes) etc. Entre 2019 et 2020, nous développerons un département antivieillissement spécialisé sur le ralentissement du vieillissement des cellules : les protocoles sont balbutiants aujourd’hui, mais je n’ai pas de doute que dans les prochaines années, certaines sociétés partenaires seront à la pointe de « l’anti-aging » permettant de reculer le déclin des cellules du corps.

Ma troisième activité est un pôle de négociation et d’analyse de données médicales à travers le monde nommé Hathor. Nous avons établi une société à Singapour qui a pour finalité de mettre en contact toutes les structures, les gouvernements et les médecins qui détiennent des datas avec des organismes publics ou privés ou personnes qui ont besoin de ces données. Pour ce faire, nous désirons structurer une ICO : Nous utiliserons en outre une technologie qui permet d’analyser les données sans avoir à les centraliser. Cette ICO devrait se lancer d’ici le 30 juin 2019. Nous travaillons, sur des contacts avec des entreprises qui ont des centaines et milliers de Tera de données qu’elles n’arrivent pas à gérer : nous leur proposerons des solutions adaptées.

Enfin, j’ai structuré un véhicule qui prend des participations dans les sociétés, principalement aux US, et ce dans des sociétés spécialisées dans l’intelligence artificielle, dans une autre qui fabrique des bijoux (Vita Fede, remarquable plate-forme digitale animée par une géniale jeune femme), CHNGE, marque d’une plate-forme de vente digitale avec un jeune dirigeant brillant, etc.

Mener des actions caritatives est primordial pour vous, quelles sont vos initiatives dans ce domaine ?

François Marland : Cela fait maintenant 11 ans que j’ai commencé à organiser le financement d’un orphelinat à Saint Domingue, orphelinat qui accueille des enfants en bas âges qui étaient, pour la plupart, destinés à un terrible sort. C’est mon frère qui gère cet orphelinat avec humanité et passion ! il est marié avec une dominicaine extraordinaire. Sur les 14 enfants, il y en a 5 qui passent le BAC cette année et l’année prochaine et qui devraient aller à l’université. C’est donc très satisfaisant de les voir évoluer et ça donne aux ressources qu’on y met une saveur bien plus importante.

Ensuite, je participe avec d’autres donateurs, depuis une dizaine d’année au financement de deux cliniques, dans deux villages à Haïti, et qui délivrent des milliers d’actes de contraception, vaccination et autres à 32 000 personnes. Cette opération a permis de vacciner des dizaines de milliers de personnes. L’autre objectif à terme serait de lever des fonds pour faire construire une route qui ne soit pas démolie à chaque mousson. Ce projet permettra aussi de relier les deux villages en moins de temps.

Enfin, à côté de ces deux projets réellement organiser, je mène également quelques actions plus sporadiques au niveau d’orphelinats au Cambodge par exemple.

Quels sont vos projets et vos ambitions pour les années à venir ?

François Marland : Vivre tout simplement ! Ne pas perdre le lien avec ce qui est essentiel. En ce qui me concerne, je n’envisage pas de passer deux mois sans voir mes enfants car je considère que ce sont les noyaux nucléaires d’une famille. Donc mes ambitions et mes projets c’est de vivre heureux, de partager et de profiter des miens.

Vous menez une vie « tambours battants » en déplacements permanents à travers le monde. Comment se détend François Marland ? Sports, loisirs ?

François Marland : Je fais du vélo, de la natation, de la marche et pour se détendre il n’y a rien de mieux que la famille et les amis. J’aime aussi la pêche, j’y suis allé récemment. Pendant mon temps libre et pour me détendre, je structure actuellement aussi trois scénarios de livres, ou de scénarios pour des séries qui pourraient être diffusées, si elles suscitent un attrait sur des plates formes à la mode. Il y a de quoi faire une bonne quinzaine de saisons sur chacun des trois si j’optais pour la seconde option : c’est très excitant et probablement me rapproche de mon père encore plus, lui qui a écrit des dizaines de pièces de théâtre et moultes nouvelles.

Malgré le rythme effréné de votre vie de « business man », vous mettez un point d’honneur à passer des moments privilégiés avec vos enfants. Quelle organisation !

François Marland : Ce n’est pas un point d’honneur, c’est la base. Comme je le disais avant, je considère que les enfants sont le noyau nucléaire d’une famille donc quand ils étaient plus jeunes j’essayais de déjeuner avec eux chaque semaine. Maintenant, pour ceux qui sont aux Etats-Unis, je me suis mis comme objectif d’aller les voir pendant 2-3 jours au moins tous les deux mois. C’est un choix de vie.

Nous sommes tous obligés de vivre avec les outils de notre époque, comment utilisez-vous l’internet et plus précisément, comment gérez-vous votre E-Réputation ?
François Marland : En ce qui concerne Internet et la réputation en ligne, je déplore le manque de contrôle total et une absence de législation punitive pour les abus tout aussi scandaleux que ceux d’une certaine presse. Aujourd’hui, on peut martyriser des élèves parce qu’ils ont des grandes oreilles ou pratiquent des amours encore interdites, ou encore malmener des restaurants parce que des concurrents ont demandé à 20 personnes d’y aller et de poster des avis négatifs, émettre des « fake news », insulter, vociférer des théories toujours nauséabondes sans que la justice n’applique des sanctions à la mesure des dégâts émotionnels, ou réputationnels causés !

J’ai subi ça au début du web et c’est clairement de plus en plus incontrôlé. Je pense donc que les agences d’E-Réputation sont nécessaires pour la veille technologique et pour pouvoir répondre à ce nouveau besoin. Pour aller plus loin, il faudrait renforcer l’arsenal législatif et être absolument intransigeant avec un certain nombre de sociétés qui laissent passer n’importe quoi sur le web. Il faut le faire pour la défense de l’individu.

Cependant, il ne faudrait pas croire que le portrait que je dépeins d’internet est totalement noir. En effet, le monde n’est pas blanc ou noir, mais se constitue plutôt de nombreuses nuances de gris. Bien que le Net a apporté son lot de désagréments, il n’en reste pas moins une avancée majeure pour l’humanité. Il y a eu un avant et après Internet. C’est un outil formidable qui nous permet d’avoir accès à une multitude incommensurable de connaissances sur des sujets très variés. Il y a même tellement de données qu’il est impossible pour une personne de les consulter dans leur intégralité, même s’il surfait sur Internet toute sa vie. Et puis, comme je le disais précédemment, c’est aussi un moyen de communication formidable qui donne l’opportunité aux familles et aux amis de maintenir un contact même s’ils sont séparés par un océan ou des centaines de kilomètres. Si le net n’était pas aussi démocratisé, j’aurais plus de difficultés à contacter mes enfants situés aux Etats-Unis. Mais ce n’est pas tout, l’internet a simplifié jusqu’à notre vie de tous les jours. Il est maintenant possible de se faire livrer tout et n’importe qu’il en devient presque inutile de sortir de chez soi.

Je résumerai donc ma pensée sur l’internet de cette façon : c’est une grande avancée pour l’humanité qui est, parfois, utilisée à mauvais escient par certaines personnes.

Merci Francois Marland.

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